Un récit photo-littéraire de Bruno Dubreuil
Un objet-livre dessiné par Claire Jolin
« En écrivant ce récit, je suis conscient de son peu de poids au regard des évènements historiques dans lesquels il prend place. J’ai longtemps cru que ces évènements en étaient la matière-même, mais je sais maintenant qu’il s’agit d’autre chose… », raconte Bruno Dubreuil, l’auteur de ce récit photographique.
« Cette autre chose, c’est le livre que vous aurez entre les mains. Plus qu’un livre autobiographique ou historique, « APRÈS, ON OUBLIE » est un livre sur la mémoire. Il relate donc des histoires et suit leur modification au cours du temps. Ce qui s’y raconte se transforme, se perd, se retrouve, se recouvre, opérant pour le lecteur le même travail que celui qui s’effectue dans la mémoire du narrateur. C’est là que réside la seule vérité du livre. Celle d’un moment et d’une conscience. Au fond, c’est un livre qui fait l’expérience de la mémoire » continue Bruno Dubreuil… Après, on oublie.
Les origines du projet
« La première fois que j’ai rencontré le photographe Bruno Dubreuil, c’était à Metz où il était venu présenter son projet “Katyn ou les retournements de la mémoire”, invité par l’association Photo-Forum », se souvient Claire Jolin. « J’ai été fascinée par le mode de lecture foisonnant qu’il avait réussi à créer dans une installation exposée à Paris en 2017. On avait littéralement l’impression de rentrer dans un cerveau. »
– Bruno : « Des histoires de famille, nous en avons tous. Les miennes ont pour cadre des évènements marquants de la Seconde Guerre mondiale : les camps de concentration, le massacre des soldats polonais à Katyn (la branche maternelle de ma famille est germano-polonaise). Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est la façon dont les histoires se modifient et dont l’histoire ne cesse de se réécrire (ces évènements ne cessent de résonner dans un présent tiraillé par les révisionnismes historiques). C’est un voyage dans la conscience individuelle et collective. »
Un an plus tard, Bruno exposait à Metz Photo un nouveau chapitre de son récit, qui faisait une plus large part à la photographie : “Oświęcim ou le périmètre de la mémoire”. De grands panneaux implantés en quinconce dans un jardin public permettaient une lecture non linéaire.
Pourquoi un livre ?– Bruno : « En parallèle de l’exposition “Oświęcim”, j’avais édité un petit livre. Il relatait surtout l’histoire (ou les histoires) de manière chronologique. » – Claire : « Oui, tu m’as offert ce livre. Mais je dois avouer qu’il lui manquait quelque chose : selon moi, il était évident qu’il ne fallait pas se contenter d’adapter les panneaux de l’exposition aux pages du livre. La lecture d’un livre peut être beaucoup plus riche. Avec l’objet livre, on peut aller beaucoup plus loin ».
– Bruno : « Tout cela a trotté dans ma tête pendant quelques mois et j’ai fini par appeler Claire pour m’aider à avancer sur le projet. A cela plusieurs raisons. D’abord, en tant qu’éditrice, elle travaille particulièrement sur la relation photo-texte, laquelle est au cœur des mes propres projets. Ensuite, “Fensch”, son livre précédent, possédait une dimension expérimentale qui m’intéressait beaucoup : ce n’est pas seulement un livre de photos et de texte, c’est un livre dont la manipulation transforme le lecteur en acteur. Enfin, je savais que les échanges professionnels seraient féconds. Nous avons une vraie complicité de travail. Claire a été immédiatement partante mais avec une condition : être l’éditrice du livre. Je venais de résoudre deux problèmes d’un coup ! »
– Claire : « Quand on a commencé à travailler ensemble sur ce récit photographique, je me suis vraiment rendue compte de la puissance d’écriture – photographique comme littéraire – de Bruno. Chaque phrase, chaque image est ciselée et vient enrichir le sens. C’est un tout qui fonctionne de façon verticale, par ellipses et non séquentielle-horizontale. C’est un discours très ouvert où le lecteur garde une grande part d’interprétation en fonction de sa sensibilité… Je voulais créer un livre qui se modifie avec le vécu du lecteur, qui laisse son cerveau associer et croiser les éléments pour tisser une pensée plus singulière, faire l’expérience de notre mémoire collective. »
Un livre à quatre mains
– Bruno : « Il est important de dire que c’est un livre à quatre mains. J’ai créé la matière brute mais nous l’avons travaillé ensemble. J’ai même poussé Claire à s’en emparer très librement, à oser couper dans les images, les monter et les remonter. je voulais qu’elle mette sa patte sur cette histoire. »
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Descriptif technique
Impression offset classique quadrichromie
Reliure cousue collée – Couverture rigide avec bords tranchés
Pages intérieures coupées en deux
450 exemplaires dont 50 numérotés accompagnés d’une planche contact et d’un texte inédit
Parution : octobre 2020
ISBN 978-2-9560038-3-0
39 euros
Revue de presse –
A lire : « La mémoire héritée transforme-t-elle les faits et l’Histoire ? ce livre explore cette notion à travers plusieurs niveaux de lecture. » Un article d’Erika Weidmann dans Réponses Photo de Février 2021.
Revue de presse –
A lire : “Des pages sont coupées dans la largeur, comme les traces des brisures dans la généalogie de l’être humain.”, un article de Pauline Lisowski dans toutelaculture.com
Revue de presse –
“La forme du livre nous fait naviguer entre la volonté de reconstituer ces bribes, ces non dits, ces non vus, ces non expérimentés, et l’impossible reconstruction d’une mémoire qui surgit par à-coups. Un puzzle, difficile à fixer. L’oubli nécessaire ? On jongle avec les images et les textes comme avec autant de souvenirs qui ne sont pas les nôtres, mais qui, forcément, nous interrogent sur nos propres romans familiaux.” (Olivier Bourgoin)
Revue de presse –
“Je comprends la coupure comme la redistribution de temps morcelés – passé, présent, futur – pour qu’aucune suture ne vienne effacer ce qui a été divisé… Dans une époque où ne règnent que les mots de résilience, care, réparation, le pire serait d’oublier qu’une cicatrice est toujours l’indice d’une coupure que rien n’efface… il y a toujours de quoi rester inquiet comme être autrement ?” (Corinne R.)
Revue de presse –
“C’est un livre très singulier que nous propose ici Bruno Dubreuil. Un ouvrage qui vient prolonger ses réflexions sur la mémoire (aussi bien familiale qu’historique) avec un livre-objet composé d’images et de textes ». (Eric Karsenty, Fisheye, janvier-février 2021)
Revue de presse –
A lire : « Le Tarot photographique de Bruno Dubreuil », un article de Christian Gattinoni
Revue de presse –
A écouter : interview de Bruno Dubreuil et de Claire Jolin par Anne-Frédérique Fer, enregistrement réalisé par téléphone, durée 21’48
Revue de presse –
A lire : « Une mémoire coupée », un article de Fabien Ribery